Permaculture : on reconnecte avec la nature!
Après quelques recherches, j’ai enfin trouvé une formation en permaculture, et nous ne pourrions pas être plus satisfaits de cette expérience. Je ne vais pas expliquer en long et en large ce qu’est la permaculture, je vais juste énumérer les 12 principes fondateurs de ce type de culture, et pour les plus curieux, il y a You Tube !
- Observer et interagir
- Collecter et stocker l’énergie
- Créer une production
- Appliquer l’autorégulation et accepter les rétroactions
- Utiliser et valoriser les ressources et les services renouvelables
- Ne pas produire de déchets (recycler)
- Partir des structures d’ensemble pour arriver au détail
- Intégrer plutôt que séparer
- Utiliser des solutions à petite échelle et avec patience
- Utiliser et valoriser la diversité
- Utiliser les interfaces et valoriser les éléments en bordure
- Utiliser le changement et y réagir de manière créative
En un mot, vivre en harmonie avec la nature, elle offre tout, il suffit de l’écouter.
Je préfère m’attarder sur notre superbe rencontre avec un jeune couple de malgaches, Aina et Andry, tous deux formateurs en permaculture : Ferme Permacole Andrin’ny Aina. Ils reçoivent les participants chez eux, afin de pratiquer sur leur terrain, leur permettant ainsi de voir à quoi ressemble un espace mis en valeur par cette technique. Nous avons beaucoup appris avec eux. Nous avons préparé des semis pour planter, expérimenter la plantation verticale, préparer du compost, fait une butte afin de préparer la terre pour planter, étudier comment gérer l’eau d’un terrain, comment lutter contre les insectes non désirés dans les plantations, comment faire du lombricompost, et enfin comment faire du bouturage pour les arbres fruitiers. Nous avons appris à observer les plantes et à reconnaître certaines de leurs caractéristiques utiles dans un jardin permacole. Nous nous sommes projetés dans notre projet et avons réfléchi pour la première fois à la façon dont nous allions organiser notre terrain, dans un esprit permacole, c’est-à-dire en composant avec la nature. Ils nous ont montré également comment être astucieux et pragmatiques en utilisant par exemple ce que nous avions sous la main pour fabriquer les pots de semis avec du papier ou des boites de lait ou de jus, des jerrycans coupés en deux, comment utiliser les sacs de toile de riz pour faire la culture verticale, ou encore comment fabriquer une grelinette, outils fort utile qui n’existe pourtant pas ici. Dans un pays si pauvre, il est certain que les gens doivent avoir de la ressource, mais le recyclage est également dans l’esprit de la permaculture.
Il faut comprendre qu’Aina et Andry, nos formateurs, ne sont pas des Malgaches typiques, ils font partie de ces personnes éduquées, sensibles à la question environnementale, et soucieuses de créer un avenir meilleur. Ils sont également très conscients des faiblesses de leurs compatriotes, telles que le manque d’éducation, la difficulté à accepter de changer les anciennes façons de faire, l’incapacité à se projeter dans l’avenir et donc à le préparer pour eux-mêmes et leurs enfants, sans parler de l’insécurité et des crimes récurrents qui sabotent toutes les initiatives, peu importe les changements positifs que cela pourrait apporter. Eux-mêmes ont eu à expérimenter ce genre d’écueils alors que l’association dont ils font partie, Ecovillage, avait acheté une terre afin d’y monter une ferme permacole et aider quelques familles de la région en leur offrant une chance pour un nouveau démarrage. Malheureusement, l’envie, la jalousie, l’incompréhension ont mis fin à ce projet, des paysans hostiles ont fait fuir les nouveaux venus dont les maisons abandonnées ont été brûlées. Après 3 ans de lutte pour essayer de faire son trou au sein d’une communauté, avec un projet qui n’enlevait rien du tout aux locaux, et qui bien au contraire, aurait pu les inspirer, l’association Ecovillage, et ses représentants Andry et Aina ont décidé de se retirer et de laisser la terre à l’abandon… ou bien aux locaux au final, ils ne savent pas. Ce genre d’histoires est malheureusement commune, la loi, le bon droit, les bonnes intentions ne peuvent rien contre des gens prisonniers de leur propre obscurantisme et immobilisme. Pourtant, Aina et Andry ont un discours très positif et persévèrent dans leur démarche. Aina enseigne également la permaculture à l’université dans le cadre d’un cours sur l’agriculture. Ils ont espoir que petit à petit, Madagascar puisse prendre une orientation plus écologique, plus pérenne, permettant ainsi à un plus grand nombre de mieux vivre et globalement d’améliorer le niveau de vie des Malgaches.
En effet, la permaculture semble se développer dans ce pays, parmi les classes les plus aisées mais pas seulement. L’association Ecovillage est constituée de gens formés à l’agriculture, mais qui ne veulent pas que Madagascar se développe à l’image des pays occidentaux, en pratiquant de la culture et de l’élevage intensifs avec utilisation de pesticides et d’hormones. Ils partagent donc leur connaissance de la permaculture avec les paysans des environs de Tana afin de leur enseigner de nouvelles techniques plus respectueuses de la nature mais également plus productives au final. Ils travaillent également avec des écoles afin d’initier les enfants à la permaculture et ainsi faciliter l’acceptation de nouvelles façons de faire pour valoriser la terre sans l’épuiser, diversifier les cultures et l’élevage, améliorant ainsi la qualité de vie des gens. Nous espérons pratiquer la permaculture sur notre terrain afin d’aller vers l’autonomie alimentaire et de vivre loin des villes, plus proches de la nature dans un premier temps, mais nous pourrons aussi décliner diverses activités par la suite. Il est donc indispensable pour nous de nous former, de visiter des fermes permacoles, de discuter avec des gens qui mettent en pratique ce type de culture et de multiplier les expériences. En tout cas, c’est assez excitant de penser que notre projet personnel s’inscrit peut-être dans un nouveau tournant pour Madagascar.