On prend la piste Morondava – Tuléar
Une fois arrivés à Morondava, il faut s’engager sur la piste si l’on veut rejoindre Tuléar par la côte, à l’exception d’un crochet obligatoire par la petite ville tout aussi insignifiante que désagréable de Manja, vers l’intérieur des terres, puisqu’il n’y a aucune voie de circulation, pour rejoindre à nouveau les côtes à partir de Morombe. Devant les commentaires unanimement négatifs sur cette ville, nous ne nous y sommes pas arrêtés. Je laisse de côté pour l’instant Morondava, qui fait l’objet d’’un autre article, notre aventure sur la côte Vezo commence donc après, en descendant par Belo-sur-mer, Andavadoaka, la Baie des Assassins à Tampolove, Ambatomilo, Tsiandamba, Salary, Mangily/Ifaty à partir de laquelle nous retrouvons une route goudronnée jusqu’à Tuléar.
Qu’est-ce que ça veut dire, s’engager sur la piste? C’est sportif et il vaut mieux avoir un bon 4×4 et les reins solides! Ce n’est qu’un chemin de sable, parfois en alternance avec de la grosse rocaille ou encore d’immenses étendues de salines. Bien que nous soyons en bordure de côte, la piste passe dans une sorte de savane clairsemée d’épineux moyens, des arbres secs qui semblent souffrir de trop de chaleur, si bien que l’on ne voit pas la mer. La seule touche joyeuse, ce sont les baobabs, malgré l’absence de feuilles, ils semblent parfaitement épanouis dans ce paysage aride. Gris ou rouge, grands ou nains, larges ou petits joufflus, on ne peut les manquer lorsqu’ils sont présents, car ils dépassent toujours les autres avec leur tête couronnée de petites mains tendues vers le ciel. Cela doit vraiment être joli de les voir en fleurs mais cela ne semble pas être la saison.
On croise rarement d’autres voitures sur la piste, parfois des marcheurs se rendant d’un village à un autre, ou des familles en charrette et zébus. Le silence règne, la faune n’est pas très variée ici, insectes, lézards, serpents, rien de venimeux, mais rien d’attirant non-plus. Même les oiseaux semblent garder leur énergie pour se nourrir le matin et le soir, lorsque le soleil est moins fort. On passe parfois par des villages de Sakalava – je suppose, puisque nous ne sommes pas en bord de mer – faits de petites maisons en torchis et de toits en roseaux, une école ou un dispensaire en dur, un simple bâtiment d’une pièce en réalité, et des espaces fermés par des barrières de bois pour parquer les zébus la nuit. Selon l’humeur des locaux, nous sommes parfois arrêtés par une barrière en bois pour payer un péage…de l’extorsion tout simplement, le sport national du pays. Lorsque nous passons en journée, les villages paraissent déserts, soit que les adultes sont aux champs et les enfants à l’école, soit que tout le monde fait la sieste en après-midi.
Ce n’est que lorsque nous nous éloignons de la piste principale pour retomber sur une autre encore moins évidente et souvent difficilement identifiable – pas de panneau ici, j’ai oublié de le dire, le GPS fonctionne grossièrement, ce qui nous permet de savoir si on va dans la bonne direction, et c’est tout – que nous arrivons dans les baies qui ponctuent toute la côte, avec les villages Vezo. Souvent, nous nous arrêtons, interloqués, pour étudier les traces de pneus et essayer de deviner dans quelle direction nous devons aller. Heureusement, le choix se limite à deux en général, et qui se rejoignent la plupart du temps, mais vue la difficulté de rouler sur ces chemins, et la quasi impossibilité de faire demi-tour à moins d’arriver sur un espace ouvert, on préfère ne pas se tromper. Faire la route est déjà toute une aventure en soi! C’est donc une belle récompense, et un bonheur encore plus grands, lorsque nous nous engageons vers la côté afin de faire une pause et de profiter de la sérénité et de la beauté du canal de Mozambique.