Que signifie conduire sur les routes de Madagascar? Eh bien c’est assez spécial parce que pour commencer, vous pouvez rouler sur une très belle route goudronnée (bon, d’accord, y’en a pas des masses non-plus) et tout à coup, vous tombez sur des trous énormes, pas des nids de poule, non, ça, ce n’est rien, mais des nids de dinosaures! Au moins! Alors, il faut toujours rester alerte, ne jamais relâcher son attention, si l’on ne veut pas y laisser une roue! En effet, la route se transforme par intermittence et sans aucun avertissement en gruyère, avec des trous de taille variable, parfois nombreux, parfois plus espacés. Cette situation a pour effet que personne ne conduit droit à Madagascar, personne ne reste sur sa voie, tout le monde zigzague pour éviter les trous. On pourrait penser que les conducteurs ont tous bu un coup de trop, mais c’est tout le contraire, ils sont en réalité très attentifs. L’idéal, si l’on y arrive, c’est de suivre les chauffeurs de taxi-brousse. Ils connaissent la route qu’ils savent appréhender à Madagascar, et il est bien plus facile d’avoir quelqu’un qui vous ouvre la voie, et de lui coller aux fesses. C’est ce que nous avons fait sur la route qui relie Mahajanga à Ambanja, et ça allait bon train! Je lève mon chapeau à ces chauffeurs, les routes sont épouvantables, ils conduisent plusieurs heures d’affilées, tombent en panne souvent car les petits bus sont loin d’être neufs, et sont capables de réparer presque tout. On croise sur la route ces petits bus plein à craquer, qui doublent de hauteur parfois entre bagages et marchandises diverses telles que des régiments de bananes, ils ballottent à droite et à gauche en fonction des trous. Ce sont vraiment d’excellents chauffeurs. Je précise que je parle des routes nationales, il y en a 7 principales qui relient la capitale aux autres provinces, parce que pour les autres routes, dans les villes ou vers certains villages, on ne parle plus de route, ce sont des chemins de terre défoncés.

Donc tout cela, c’est en saison sèche, dans de bonnes conditions. Parce qu’en saison des pluies, il est impossible de circuler sur de nombreuses routes de Madagascar. C’est un des drames de ce pays, les voies de circulation sont peu nombreuses, et leur état empire d’année en année, sans aucun entretien. Il en résulte que des villages, ou des villes même sont carrément coupées les unes des autres pendant des mois, avec toutes les conséquences économiques, d’approvisionnement, humaines que l’on peut imaginer. Nous effectuons ce premier périple en fin de saison des pluies, nous quittons Mahajanga pour Nosy Be après avoir validé avec plusieurs locaux dont les chauffeurs de taxi-brousses que l’on peut passer. Et c’est là que l’achat d’un 4×4 neuf prend tout son sens. On était très heureux d’avoir investi dans une bonne voiture car si l’on veut pouvoir circuler partout à Madagascar, il n’y a pas le choix. À partir d’Antsohihy sur la RN6, ce ne sont que trous plus ou moins profonds, morceaux de route partis ou effondrés … quand il reste du goudron! Parce que souvent, ce n’est qu’une route de boue creusée par le passage des véhicules, ponctuées de petites marres dont profitent les canards et les oies des villages de bord de route. Ça fait des heureux parfois! Nous avons cru rester coincés à un moment donné car deux camions s’étaient embourbés chacun dans un sens contraire, l’un d’eux était même couché sur le côté, de la boue jusqu’au-dessus des roues. Je ne sais pas depuis combien de temps les malheureux chauffeurs étaient là à essayer de dégager les roues de leurs véhicules qui ne faisaient que patiner et s’enfoncer encore plus, mais un petit embouteillage de taxi-brousses et de voitures 4×4 s’est rapidement crée sur cette route pourtant déserte dix minutes plus tôt. Nous ne pouvions rien faire que regarder et espérer qu’un miracle se produise, et nous avons eu la grande chance qu’un camion arrive et se porte à leur secours. Je n’y croyais pas mais ils ont réussi à redresser le véhicule couché dans la boue, puis à sortir les deux camions du bourbier dans lequel ils s’étaient mis. Tout le monde était soulagé lorsque le chemin s’est libéré et les taxi-brousses et 4×4 se sont précipités. C’était à qui s’engagerait le premier, par peur j’imagine qu’un autre véhicule ne reste à nouveau coincé et ne bloque tout le monde. Ce morceau de route était particulièrement impressionnant, la voiture disparaissait à moitie dans les crevasses de boue, et c’est souvent arrivé par la suite jusqu’à Ambanja.

Cerise sur le gâteau, comme s’il ne suffisait pas de surveiller constamment les trous et cassures de la route, il faut aussi être très vigilants pour ne pas avoir un accident avec un troupeau de zébus ou de chèvres, heurter une poule, un canard, un cochon ou un chien qui décident de traverser la route juste devant votre nez, sans parler des gens qui restent assis à discuter sur le bord de la route ou circulent à pieds, de jour comme de nuit. Bref, ce n’est pas de tout repos! Quant à la pause pipi ou repos, on oublie les aires d’autoroute… vous choisissez votre arbre. Heureusement, il n’y a pas de bestioles dangereuses à Madagascar! 😉

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