Il y a un grand nombre de sites à visiter autour de Mahajanga, les Grottes d’Anjohibe, Katsepy, l’aire protégée Ampitsopitsoka, mais nous n’en avons vu que deux, les plus proches, car il faut toujours tenir compte de la saison des pluies quand on voyage à Madagascar, et lors de notre passage, les routes étaient impraticables.

Nous avons commencé par le Lac sacré, et je vais vous dire tout de suite que ce n’était pas mémorable, mais par contre, assez typique de la gestion des sites touristiques de Madagascar. Après avoir emprunté un chemin de terre défoncé sans indication, nous avons finalement trouvé le site. Deux gars dont un avec un lémurien sur le dos discutaient avec des enfants sous un arbre près duquel était attaché un zébu, avec à l’arrière un bâtiment en pierres délabré… l’accueil, certainement, mais nous sommes restés dehors. Ils nous ont confirmé que nous étions au bon endroit, nous avons discuté du prix et Victor, le jeune homme au lémurien nous a emmenés faire la visite. Nous sommes rapidement arrivés au bord du Lac sacré où deux vieillards couchés sur un banc nous ont été présentés comme les gardiens du lac. Ils nous ont tenu un discours en sakalava auquel nous n’avons rien compris, puis Victor a commencé sa visite.   

Le lac a une belle couleur vert émeraude, une eau transparente dans laquelle nagent de très jolies carpes, sacrées elles aussi, donc, on ne les mange pas, les veinardes! Nous posons de nombreuses questions à notre guide mais beaucoup restent sans réponse. Le lac est sacré parce que cela a été décidé par un roi sakalava, dont je n’ai pas retenu le nom. Bien, mais pour quelle raison? D’où viennent les carpes? Mystère. Quelle était la vie autour de ce site? Y avait-il un village? Pas de réponse. Nous notons deux grands arbres autour du lac, chacun dans un espace délimité avec des restes d’offrandes à leurs pieds, et des lambas suspendus, rouges pour l’un et blancs pour l’autre. Nous avons déjà compris que cela signifie qu’un lieu est sacré, mais comment s’explique cette coutume? Nous ne le savons pas. Victor nous raconte simplement la petite histoire concernant les offrandes. Les gens viennent au Lac sacré pour faire une demande aux dieux. Lors d’une cérémonie certainement dirigée par les deux vieillards-gardiens, ils laissent au pied des arbres quelques sucreries, toujours accompagnées de rhum rouge. Certaines personnes offrent parfois le sacrifice d’un zébu. Ils mettent également quelques offrandes sur une assiette qui est déposée sur l’eau. Si l’assiette coule doucement sans se verser jusque sur le fond du lac, alors le vœu se réalisera. Sinon, pas de chance.

Après ce pic culturel, nous poursuivons notre visite par une promenade vers le coin des baobabs amoureux, c’est-a-dire qu’ils poussent entrelacés l’un à l’autre. Ensuite, nous allons vers un endroit ou l’on peut voir des lémuriens, et un peu plus loin, un point d’eau où sont retenus 3 crocodiles, amenés par le propriétaire du temps où il y avait un hôtel-restaurant avec piscine; le tout entièrement à l’abandon aujourd’hui. Il s’agit donc d’une ballade tranquille de deux heures environ, dans la nature. Victor nous a partagé ses connaissances sur ce que nous voyions, et a répondu au mieux à nos questions. Il nous a même emmenés, à notre demande, jusqu’à la rivière Moira, où l’on peut voir de tout petits poissons avec des pattes autant capables de marcher que de nager! Malgré tout, on comprend que l’on a rassemblé dans la visite quelques attractions susceptibles, aux yeux des Malgaches, d’intéresser le touriste, mais le site n’a en réalité aucun intérêt touristique tant les lieux ne sont en rien remarquables, et surtout, la visite vide d’informations concernant la culture sakalava.

Le deuxième site que nous avons visité nous a beaucoup plus impressionné. Il s’agit d’une de ces merveilles de la nature dont Madagascar regorge, le Cirque Rouge. On y arrive soit par la route, soit par la plage, depuis Amborovy, en passant par Grand Pavois, cela représente une ballade d’une heure environ. Il faut simplement veiller à passer lorsque les rochers ne sont pas encore recouverts par la mer, sinon, il faut faire un crochet par les chemins intérieurs boueux, et c’est beaucoup moins agréable. On arrive donc à l’entrée par la rivière qui se jette dans la mer. Elle n’est jamais bien haute à ce qu’on nous a dit, l’eau peut arriver à mi-genoux au maximum, mais lorsque nous sommes passés, il n’y avait qu’un filet d’eau au sol, juste assez pour nous rafraîchir les pieds. Il n’y avait pas de gardiens à l’entrée à notre arrivée, tout juste un panneau défraîchi, sans aucune barrière. Par conséquent, nous avons pu circuler à notre aise dans le canyon et les replis des montagnes, sans être ennuyés. Ce n’est que sur le chemin du retour que deux hommes qui se sont présentés comme des gardiens, nous ont réclamé un droit d’entrée, qu’il a encore fallu négocier. 

Tout de suite, le paysage est impressionnant, nous entrons dans un canyon encadré de pics rouges de hauteurs différentes. Sur les flancs des montagnes, pousse une végétation abondante mais sèche. On est frappés par les couleurs qui varient du rose au brun en passant par le violet et l’ocre, selon la lumière. Le canyon est très large, alors on ne se sent pas écrasés par la grandeur du site, ce qui n’empêche pas de se sentir tout petit face à la majesté des lieux. L’on comprend mieux le surnom d’Île rouge de Madagascar. Et selon moi, c’est vraiment le patrimoine naturel du pays qui le distingue et devrait l’élever parmi les plus importantes destinations touristiques au monde, si bien sûr, il y avait une véritable gestion de ces richesses et une politique touristique. Malheureusement, ce n’est pas le cas.

Comments

  1. “c’est vraiment le patrimoine naturel du pays qui le distingue et devrait l’élever parmi les plus importantes destinations touristiques au monde” OUI OUI OUI! Malheureusement, sauvegarder ce patrimoine semble être le dernier souci du gouvernment et pire de la population malgache.

    1. Absolument, ce pays est d’une richesse et d’une diversité incroyables. Je m’extasie à chaque endroit où nous passons. Madagascar a tellement d’atouts pour devenir une destination touristique de premier plan, mais il lui faut faire des pas de géants pour construire une veritable gestion de son patrimoine naturelle et avoir une politique d’avenir, car il ne suffit pas de construire de grands hôtels de luxe. Nous sommes actuellement à Diego et Ramena, et le president vient d’acheter une partie de la plage, près de la base militaire d’Orangea pour construire un grand Resort. C’est un excellent investissement, mais c’est pour son profit personnel, pas celui de la région, meme si cela créera des emplois. Il faut une vrai politique touristique à Madagascar.

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