Les méandres de l’administration malgache
Ou le visa pour regroupement familiale
Lorsque l’on entame un processus d’immigration, on cherche tous les renseignements possibles partout : sur les sites des ministères évidemment mais également sur les forums, dans les groupes de conversations car on veut connaître l’expérience des autres. Donc, voici une page sur la façon dont j’ai eu mon visa pour regroupement familiale – je le précise, car il y a plusieurs sortes de visa, et donc les documents requis diffèrent un peu selon la situation. Il faut également considérer que j’écris ceci en décembre 2021, les choses peuvent changer avec le temps. Il est à noter également que les documents requis ne sont pas les mêmes selon que l’on est une femme ou un homme. Comment expliquer cela…. Une société encore assez patriarcale et également le souci de ne pas perdre les terres aux mains d’étrangers masculins puisque même si la femme peut tout autant travailler, posséder un commerce ou une terre qu’un homme, on dirait que l’administration malgache et peut-être la société tout entière considèrent que c’est l’homme qui gère les affaires familiales et donc que les terres pourraient se transmettre à terme uniquement au sein d’une population étrangère. Seule une personne de nationalité malgache peut acheter une propriété à Madagascar, et il est impossible pour un homme de devenir malgache. Certainement que beaucoup plus d’hommes étrangers se marient avec des femmes malgaches que l’inverse, alors c’est une façon de protéger le territoire malgache…
C’est mon interprétation en tout cas, toujours est-il que dans cette démarche d’obtention du visa, les exigences diffèrent selon que l’on est un homme ou une femme. Il en va de même pour l’obtention de la nationalité.
Je ne vais pas énumérer la liste des documents requis, on la trouve très facilement sur le site de l’ambassade de Madagascar : https://ambamad-paris.diplomatie.gov.mg/. J’ajoute seulement une adresse où trouver la fiche d’informations à remplir parce qu’étrangement, on ne trouve pas le formulaire sur le site de l’ambassade… https://alsvisa.com/wp-content/uploads/Formulaire-Madagascar.pdf
Je précise également que le délai de traitement de trois jours ouvrés indiqué sur la page concernant la procédure d’obtention du visa est … très optimiste ! Ahahaha ! Bon, on s’en doute mais je précise quand même, il vaut mieux miser sur une bonne semaine, voire deux. La vérité, c’est qu’ils peuvent faire ça en 30 minutes, c’est ce qui m’est arrivée car pour diverses raisons, j’étais très serrée dans mes délais et lorsque je me suis présentée, 4 jours après que le dossier a été délivré par Chronopost – donc preuve en main – ma demande n’avait même pas dépassé le bureau de réception. Sourire, amabilité et patience permettent d’obtenir beaucoup, cependant je mentirais si je disais que cela a suffi même si je pense très honnêtement que j’aurais pu obtenir mon visa le jour de ma visite sans trop batailler, mais la vérité est que l’oncle de mon mari, qui connaît bien le personnel de l’ambassade dont l’ambassadeur, a grandement facilité les choses en m’accompagnant. Misoatra indrindra Tonton Solo !
Donc, une fois le visa en poche, je suis partie à Madagascar le cœur léger, sachant seulement que je devrais me présenter au ministère de l’Intérieur dans un délai de 1 mois afin de valider mon visa et d’obtenir…et c’est là le grand point d’interrogation lorsque l’on part, un visa longue durée certes mais pour quelle durée, pour quel montant, et selon quel statut ? Peu de temps après mon arrivée, j’ai donc appelé le ministère de l’Intérieur, pour apprendre que c’est en réalité le bureau de l’immigration, rattaché au ministère de l’Intérieur, qui gère les demandes. On m’a même donné le nom de la personne en charge ainsi que son numéro. J’ai alors appelé cette personne qui m’a expliqué que je devais refaire un dossier car les ambassades ne transmettent pas les dossiers des candidats à l’immigration. Il faut donc recommencer une fois arrivé sur place, avec en plus quelques documents à se procurer auprès des administrations locales. Rien de compliqué, rien d’insurmontable, c’est de l’administratif, j’étais malgré tout un peu contrariée de devoir recommencer un dossier simplement au final parce que les administrations ne communiquent pas, et également parce que je n’avais plus en ma possession certains originaux qu’il est évidemment beaucoup plus difficile et long d’obtenir lorsque l’on a quitté le pays, surtout considérant que tout document fourni, original ou copie certifiée conforme, a une validité de trois mois ! Bref, je me ferai souvent cette remarque, Madagascar a conservé de ses années de colonisation le modèle administratif à la française et franchement, c’est dommage ! Voici le lien vers la page du site indiquant la liste des documents à fournir pour faire une demande de visa longue durée, une fois arrivé à Madagascar, avec son visa de 1 mois transformable en visa longue durée. https://mid.gov.mg/mid-visa#vs
Je voudrais donc m’attarder sur les documents à récupérer auprès de diverses administrations malgaches. Et là, heureusement encore une fois, que je n’étais pas seule pour me débrouiller, j’y serais arrivée certainement, mais c’est quand même beaucoup plus facile lorsqu’une personne locale vous guide et vous indique où demander quoi, et vous accompagne pour expliquer les choses à votre place. Les Malgaches éduqués et qui travaillent dans les administrations parlent français, mais je crois que la plupart se sont montrés serviables parce qu’ils avaient en face d’eux l’une des leurs, connaissant leurs manières, et qui plus est, venait assister sa belle-fille dans ses démarches. Misoatra indrindra belle-maman Lydie. Donc pour résumer :
- Se procurer le certificat de résidence en premier lieu, au Fonkontany, qui est l’équivalent d’un bureau de mairie d’arrondissement et fournit un service de proximité aux habitants, on va dire. C’est payant, 2 650 AR (Ariary). Mes beaux-parents ont rédigé une lettre certifiant m’héberger et prendre en charge mes besoins matériels, mais comme ma belle-mère connait l’une des employées de ce petit bureau de quartier, il a suffi de demander et puis c’est tout. Il faut se présenter avec son passeport bien-sûr, mais j’avoue que sans ma belle-mère, je ne sais pas s’il aurait fallu une preuve de résidence comme un bail par exemple. Ce document est valable 3 mois. Il est souvent demander pour de nombreuses démarches, par exemple, l’ouverture d’un compte en banque.
- Se rendre à la mairie de sa commune pour faire certifier conforme toutes les copies de documents officiels. Il faut se présenter avec les originaux et les copies. Le document est valable 3 mois. Le service est payant, 5000 AR la photocopie, tarif pour les étrangers…
- Se procurer un certificat de présence sur le territoire malgache auprès du bureau du recensement des étrangers à la préfecture de police. Nous sommes d’abord allés à la grande préfecture centrale de Tana mais l’officier à l’entrée nous a renvoyés à un autre bureau. La difficulté, c’est qu’il faut connaître la ville pour se diriger et ce n’est pas simple, entre absence de direction, GPS défaillant et embouteillage, cela aide vraiment d’être accompagné d’une personne qui connait la ville ! Le service est payant et coûte 25 000 AR. Je vais arrêter de préciser que le service est payant parce que même si je n’en suis qu’à mes débuts dans les méandres administratifs malgaches, je crois qu’il vaut mieux considérer que toute démarche administrative est payante ici. Il faut apporter son passeport ainsi que des photocopies des 3 premières pages certifiées conformes, et une photographie. On peut récupérer le certificat 2 ou 3 jours après. Ça, c’est la théorie… et je vous enjoins évidemment à faire les choses correctement, mais comme toute cette information n’apparaît nulle part, je me suis présentée comme une fleur, simplement avec mon passeport. Je suis ressortie une heure plus tard avec mon certificat, grâce à belle-maman, sans nul doute !
Une fois tous ces documents rassemblés, en plus des copies et/ou originaux requis dans le pays d’origine, on peut déposer son dossier au bureau de l’immigration. J’en suis là de la procédure et n’ai donc encore aucune idée, en date d’aujourd’hui, du type de visa longue durée que l’on m’accordera, ni de ce que cela va me coûter…. parce ce que n’est pas gratuit non-plus, bien évidemment!