La plantation Millot, reine du Cacao de Madagascar
Cacao, Ylang-Ylang, épices, poivres, combava, citronnelle, patchouli, vanille, vétiver! Voilà tout ce que l’on peut découvrir dans cette magnifique plantation de 1300 hectares créée au début du XXe siècle par Lucien Millot, rachetée depuis à 40 % par le chocolatier Valrhona et un particulier, et où tout se fait encore à l’ancienne, naturellement.
C’est donc Mado, la propriétaire actuelle, femme camerounaise pleine d’énergie, chaleureuse et volubile, qui mène la visite. Que ce soit par nature ou pour satisfaire le visiteur, elle sort le grand jeu Mado, et la visite est tout un show! Un peu trop parfois, mais elle est bien sympathique et fière de sa plantation, à juste titre. Tout en nous faisant découvrir le domaine, à pied et en voiture, Mado nous explique les procédés de production des divers produits au travers de la visite des installations. À ma surprise, celles-ci sont très sommaires, voire anciennes car tout le travail est fait manuellement par près de 1200 employés : l’entretien de la plantation, la fécondation de la vanille*, le séchage sur d’immenses palettes exposées au soleil des graines de cacao, le tri à la main et au pinceau des grains de poivre selon la qualité, la cueillette des fleurs à l’aurore avant distillation dans d’énormes alambiques. Mado insiste sur deux éléments qui font le succès de la plantation. D’abord, tout est bio, choix fait bien avant que le bio ne soit à la mode, mais qui fait la qualité des produits Millot. Ensuite, la redistribution des bénéfices pour le bien-être des employés, avec la création d’une école, d’un dispensaire, des bus pour effectuer le trajet, et tout un village avec des maisons décentes, devant lequel nous sommes passés. Il est certain que seules les grandes structures peuvent se permettre ce genre d’investissements mais toutes ne le font pas, très loin de la, et c’est donc à souligner.
On peut ajouter diverses prestations à la visite, une dégustation, un repas, voire un hébergement en pension complète. Nous avons choisi la dégustation, plus dans nos moyens et nous ne le regrettons pas! Chocolat noir et au lait, fondant au chocolat avec crème de fruits glacés, rhum au chocolat, tout était délicieux! Nous sommes d’autant plus chanceux d’avoir pu goûter certains produits que la plantation ne fait pas de vente aux particuliers car elle ne produit qu’en gros pour exportation. Mado garde juste quelques échantillons de certains produits pour que ses visiteurs puissent effectuer des achats. Nous, on a craqué pour le rhum-chocolat, et des épices ! La vocation de la plantation Millot est donc avant tout la production de produits de haut de gamme, achetés pour être transformés par les plus grands noms de la chocolaterie, de la parfumerie et de la restauration. Certains viennent même travailler sur place pour trouver la senteur, l’épice ou l’arôme qui fera le succès de demain.
En résumé, une belle visite à faire avant ou au retour de Nosy Be, dans un cadre vraiment idyllique.
*La petite histoire de la vanille : puisque la vanille ne se reproduit pas sans l’aide de l’humain, moi, ça m’intriguait de savoir d’où venait la première vanille. Donc, il paraît que nous pouvons produire de la vanille grâce à un jeune esclave de 12 ans, Edmond Albius, sans instruction mais passionné de botanique, qui eut la chance de devenir l’apprenti d’un riche planteur lui-aussi féru de botanique du nom de Ferréol Bellier-Beaumont de Villentroy. Alors qu’Edmond observait les fleurs de vanille, et ayant appris la fécondation artificielle de la jolifiat, de la famille des citrouilles, il remarqua que certaines avaient des organes féminins et d’autres, des organes masculins. Il essaya donc de frotter les étamines du stigmate cachés par une cloison mobile d’une fleur sur le pistil d’une autre, ce qui donna la première gousse de vanille par fécondation manuelle sur l’île de la Réunion. Ayant reproduit l’opération à plusieurs reprises avec succès, le procédé manuel de reproduction de la vanille fut confirmé.
De façon naturelle, c’est grâce à l’abeille melipona Maya que la vanille se reproduit, mais cette abeille ne se trouve qu’au Mexique, dans le Yucatan, ce qui explique par conséquent que les Aztèques parfumaient déjà leur chocolat d’épices et de vanille au temps de la conquête par les Espagnols, mais que partout ailleurs dans le monde, il était impossible de produire de la vanille, jusqu’à Edmond Albius, en 1841.