On ne fait pas de Kitesurf, mais on ne pouvait tout de même pas manquer une excursion à la superbe mer d’Émeraude.  Embarqués sur une barque de pêcheurs à voiles et à moteur, nous sommes donc partis passer une journée sur la petite île de Suarez, petit caillou de sable blanc et d’herbes sèches, sertie de reflets d’émeraudes et de turquoises dans des nuances foncées ou translucides.  Notre équipage était constitué du capitaine, trois navigateurs/pêcheurs, deux cuisinières. Notre bateau était une belle barque, tout en bois, solide, équipée d’une voile que l’on hisse ou abaisse ou gré du vent, et d’un moteur selon le besoin. L’aller fut agréable. La large baie de Diego, à laquelle appartient Ramena, est cernée d’un massif corallien, qui la met à l’abri de la houle, des prédateurs marins, et des attaques qui pourraient venir de la mer. Une fois sortis de ce havre de tranquillité, la mer est beaucoup plus profonde et agitée, et nous sommes exposés au grand vent, cette partie du voyage fut donc stressante pour moi qui ai le mal de mer. Heureusement, la traversée n’a duré qu’une heure trente, et l’un des pêcheurs nous a partagé ses connaissances, ce qui m’a un peu divertie jusqu’à notre arrivée dans la mer d’Émeraude, magnifique et paisible.

Notre jeune guide/pêcheur nous a parlé de l’histoire de Diego Suarez, de la guerre entre les Sakalava et les Merina, de la République éphémère de Libertalia créée par le pirate français Misson, puis de l’arrivée des Français qui ont pris parti pour les Merina en échange de l’établissement de la base militaire de l’autre côté de la baie de Diego, avant de repousser les Merina dans l’intérieur des terres afin de créer une colonie et de l’installer dans la baie, plus agréable et plus facile à protéger des attaques provenant de la mer. Il nous a montré la plantation d’algues chinoise – très simple en réalité, ce sont des filets tendus entre des piquets sur un périmètre de quelques centaines de mètres carrés, sur lesquels poussent les algues. Sur la côte de Babaomby, très difficilement accessible par voiture, se trouve l’usine de traitement de l’exploitation ou travaillent les employés malgaches. Il est dommage que les Malgaches ne soient pas les premiers bénéficiaires de cette ressource, qui donne certainement lieu à un commerce florissant, sans parler d’une source nutritive très riche.

Puis, enfin comme le soleil paraît après une tempête et perce le ciel gris, nous sommes passés d’une mer profonde, grise et agitée à une eau transparente vert turquoise, qui n’arrive pas plus haut qu’à la cuisse, avec face à nous , une toute petite île dénommée Suarez. Une plage de sable blanc, avec des herbes hautes et sèches balayées par le vent sur les collines à l’arrière, et quelques cocotiers pour fournir de l’ombre sur la plage, des paillottes pour que les visiteurs d’un jour puissent déjeuner tranquillement, et déguster le repas préparé par les cuisinières qui accompagnent les pêcheurs. Une fois arrivés sur l’île, nous en faisons le tour rapidement avant de nous allonger sur le sable pour profiter du soleil, de la mer, la plus fraîche dans laquelle nous nous sommes baignés, et de la vue.

Pour le repas du midi, nos marins partent pêcher notre repas, tandis que les femmes préparent le riz et les sauces. Pour la première fois depuis 35 ans, j’ai à nouveau mangé du poisson, une pêche naturelle, responsable, juste ce dont nous avions besoin pour nous nourrir. Je ne peux pas dire que je remangerai des animaux, cela ne me tente plus, mais dans ce contexte, je n’ai pas trouvé ça mal de faire partie d’une chaîne alimentaire respectueuse, et le repas était bon. (Cela dit, cela ne vaut pas une bonne tarte aux légumes et fromage avec salade verte ! 😉 La journée est passée vite en réalité, entre baignade, bain de soleil et contemplation de toutes les nuances de bleu, de vert, de turquoise de la mer d’Émeraude selon l’heure de la journée et l’inclination du soleil. Le petit caillou Suarez fait partie de ces zones protégées du Zaravatra, et nous avons passé quelques heures au paradis.

Cette belle petite journée m’a aidée à supporter le retour, encore plus désagréable que l’aller car à peine à quelques mètres de la plage, derrière l’île, la mer d’Emeraude si belle et tranquille quelques minutes auparavant, s’est transformée en furie. Nous sommes arrivées sur la haute mer houleuse avec des vagues de deux mètres, le vent face à nous, lequel certes fait filer la voile, mais qui aurait tout aussi bien pu nous faire chavirer, associé à la violence de la mer, sans parler des seaux d’eau que l’on s’est pris à travers la figure. Nos navigateurs étaient très calmes, et Pongo, notre petit chien que j’abritais sous ma chemise, également. Mais mon estomac suivait les hauts et les bas de ces montagnes russes salées sur lesquelles nous glissions à vive allure, et je m’accrochais autant que je pouvais à Rado, toujours calme et stoïque, en maudissant mes idées d’exploration !

Je suis restée tendue jusqu’à ce que nous arrivions enfin de nouveau dans la baie protégée de Ramena, calme et ensoleillée. J’ai été ravie de mettre pied à terre, trempée jusqu’à ma petite culotte, mais enfin sur un espace solide et stable ! Ce fut une belle excursion mais gare à ceux qui ont le mal de mer !

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