Ça fait du bien de sortir enfin de Tana et ses embouteillages pour notre premier Road Trip, avec un premier arrêt  à Mahajanga. Très vite, c’est le dépaysement total sur la RN4. Nous traversons des paysages magnifiques de montagnes recouvertes de pins, puis d’arbres à feuilles grasses disseminés au milieu d’une végétation toujours luxuriante. Ces paysages grandioses m’évoquent rapidement ceux de la Nouvelle Zélande, tels qu’on les a découverts dans la saga « Le seigneur des anneaux », et je me dis que Madagascar pourrait être le lieu de tournage de nombreux films  d’aventure. Cette route, globalement en bon état, est la seule voie de circulation qui relie la capitale à la ville provinciale de Mahajanga, elle est par conséquent bien achalandée de voitures de particuliers comme nous, et surtout de taxi-brousses, toujours remplis de voyageurs et chargés de bagages et de denrées, jusqu’à doubler de hauteur parfois. Malgré cela, il est facile de se sentir seuls au monde dans les multiples replis des montagnes, enveloppés dans le silence d’une nature verdoyante et riche sous un ciel bleu éclatant et dans une chaleur étouffante. L’homme moderne étant constamment parasité par les bruits qui l’entourent et auxquels, pour la plupart, il ne fait plus attention, on ne peut s’empêcher d’être frappés par l’absence de bruits. On entend tout au plus des pépiements d’oiseaux parfois, et c’est incroyable le bien-être que l’on ressent immédiatement dans cette nature à  la fois si vivante et si sereine. Ce n’est que dans les derniers 150 km sur les 575 km qui séparent Tana de Mahajanga que nous descendons dans un paysage de plaines, toujours aussi verdoyantes, encore ponctuées de quelques montagnes.

Sur la route, nous traversons quelques villages, avec un style architectural bien défini, de petites maisons carrées en terre rouge avec un toit de feuilles de palmier séchées. Elles sont dispersées sur 250 m, parfois un kilomètre, le long de la route RN4. Évidemment, on ne peut pas bien voir l’intérieur, sombre et souvent obstrué par un tissu, cependant on devine facilement que les maisons n’ont qu’une seule pièce, avec un sol de terre battue. Autour des maisons, chacun semble avoir son espace personnel sans qu’il soit nécessaire de le délimiter par des haies ou des clôtures. Des femmes et des enfants sont souvent assis à l’extérieur et nous regardent passer avec la même curiosité que nous avons envers eux. Les hommes sont vêtus de shorts et de T-shirts, tandis que les femmes portent de très beaux paréo colorés qu’elles nouent en robe sur leur poitrine, où en jupe à la taille. J’aime les regarder marcher le long des routes en se déhanchant nonchalamment, un panier sur la tete, petites tâches de couleurs, qui se détachent sur un paysage rouge et vert. Cependant, j’hésite à dire qu’il s’agit d’une tenue traditionnelle car les imprimés sont manifestement faits de façon industrielle, et viennent de la Réunion ou de l’Ile Maurice. Elles portent parfois un masque d’argile jaune sur le visage, cela les protège du soleil en même temps que d’être un soin pour la peau. Les petits sont tout nus ou vêtus également de shorts et de T-shirts. Pas de jardin, pas de plantation, du moins nous n’en voyons pas le long de la route. De quoi vivent-ils? Nous croisons bien des zébus et des chèvres par ci, par là, alors peut-être sont-ils des éleveurs? Je suppose que ces gens sont les Sakalava, l’ethnie de la région du Boeny. En tout cas, leur mode de vie est resté très primitif, proche de ce qu’il devait être avant l’arrivée de différents envahisseurs, et surtout avant que la France n’en fasse une de ses colonies. C’est justement à l’entrée d’un de ces villages que nous nous arrêtons pour déjeuner, attirés par la splendeur des paysages et la fraîcheur prometteuse d’un large cours d’eau parsemé de grosses roches qui affleurent et sur lesquelles nous pouvons nous asseoir afin de nous rafraîchir. En effet, plus nous nous rapprochons de Mahajanga, plus la chaleur devient suffocante, ce qui se confirmera d’ailleurs lorsque nous séjournerons dans cette ville, pourtant située au bord de la mer, sur le canal du Mozambique.

Les Tananariviens font souvent la route dans la journée, ils partent au lever du soleil et arrivent en fin de journée. Nous, nous prenons notre temps, et faisons donc une étape pour passer la nuit dans la ville de Maevatanana, ce qui signifie très ironiquement Belle ville. Et bien, je peux vous dire que c’est loin d’être le cas, et qu’une étape est déjà de trop! Nous visitons trois hôtels avant de faire notre choix. Comme nous voyageons à petit budget, le prix de la chambre a guidé notre choix, malgré tout, nous avions un WC, un lavabo et une douche ainsi un ventilateur pour rafraichir la pièce. On étouffait!!! On se serait crus dans un hammam, tellement il faisait chaud, on transpirait même sans bouger, la sueur dégoulinait sur chaque partie de notre corps, toute l’eau que nous buvions, nous la transpirions. Le lendemain, nous repartons dès notre réveil et nous nous arrêtons sur le bord de la route pour le petit-déjeuner. Si le temps le permet, et selon le budget, on peut aussi trouver un ou deux hôtels plus loin sur la route à environ 100km, peu de choix donc, mais dans un plus joli cadre.

Nous arrivons avec plaisir à Mahajanga en fin de journée à notre hôtel Lasy Gasy, situé sur la petite plage d’Amborovy, que je conseille fortement : des chambres plus ou moins grandes avec salle de bain et cuisinette, et une petite table pour manger dehors, un parking fermé pour les voitures, le tout pour 60 000 AR. Tout est propre et fonctionnel, une petite famille très gentille et serviable tient les lieux pour le propriétaire. Nous sommes très contents de notre choix, et pouvons visiter Mahajanga en toute sérénité. Nous voulons bien sûr explorer les attraits touristiques de cette ville balnéaire, profiter de la plage et de la mer, mais il s’agit surtout d’essayer d’évaluer le potentiel de Mahajanga par rapport à nos projets, et voir si le cadre nous plaît.

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