L’arrivée à l’aéroport d’Ivato donne déjà le ton sur ce que sera notre vie à Madagascar. De prime abord, et avec mon regard d’occidentale (qui a cependant beaucoup voyagé), on nage en plein « grand bazar organisé ». Le test PCR étant pour le moment obligatoire en débarquant de l’avion, nous avons dû faire la queue pour arriver aux caisses afin de payer cette formalité imposée, puis attendre notre tour pour subir le prélèvement nasal dans une immense salle. Une multitude de gens – passagers, agents sanitaires en blouse et charlotte d’hôpital, ou encore agents de douane –  se bousculent et circulent dans tous les sens, sans parler des enfants qui courent partout pour se défouler, dans un brouhaha très joyeux. Des bancs sont disposés dans la moitié de la salle pour nous permettre de nous asseoir, et d’attendre notre tour, puisque nous avons un numéro de passage. Dans l’autre moitié de la salle, une vingtaine de tables sont disposées derrière lesquelles nous attend le personnel chargé des prélèvements. Bien qu’il y ait un tableau électronique pour appeler les numéros et indiquer à quelle table se rendre, nous comprenons assez rapidement que notre numéro de passage ne sert pas à grand-chose car les agents sanitaires font passer les gens qui sont assis sur les bancs de devant, particulièrement les personnes âgées et les familles…. Et oui, à Madagascar, on donne priorité aux enfants et aux cheveux blancs. Nous décidons donc de nous approcher et passons sans attendre que notre numéro soit appelé. Il y a trois agents sanitaires par table, un qui travaille et les autres qui regardent… S’il y a bien une chose que les Malgaches ont conservé de l’époque coloniale, comme tous les pays colonisés par la France d’ailleurs, et vraiment, c’est bien dommage…c’est la lourdeur administrative et l’art de multiplier les emplois inutiles. Je me ferai cette remarque bien souvent par la suite !

Une fois cette désagréable étape terminée, nous sommes dirigés vers la douane pour la vérification des passeports et des visas, ce qui se fait assez rapidement, avant de déboucher sur la salle des bagages. Et là, ce n’est plus le bazar organisé, c’est le bazar tout court ! Les valises sont arrivées depuis bien longtemps déjà, et ont été déposées en dehors du tapis roulant, dans une zone délimitée par un cordon, au milieu de laquelle de nombreux bagagistes s’affairent pour aller récupérer les bagages des voyageurs, qui n’osent pas passer le cordon mis en place, comme s’il s’agissait d’une mesure de l’aéroport. En fait, il n’en ait rien, les bagagistes improvisés réclament de l’argent aux voyageurs un peu hébétés par tout ce capharnaüm, pour un service auquel ils n’ont pas consenti puisqu’on ne leur a pas donné le choix. Ça crie de tous les côtés pour vous demander d’identifier vos bagages, car celui qui les trouve est le grand gagnant ! Une fois les valises placées sur les charriots, les bagagistes preneurs d’otages de bagages, s’empressent de vous demander de l’argent et espèrent filer vers la porte de sortie pour justifier cette petite extorsion.

Malheureusement, certains sont déçus avec des clients tels que nous par exemple, car si nous comprenons rapidement le petit jeu qui se déroule autour de nous et acceptons de nous y prêter, comme nombre d’étrangers, nous n’avons pas de monnaie locale à leur donner, puisque nous débarquons à Madagascar. Et si tout type de monnaie est négociable, encore une fois malheureusement pour eux, beaucoup de personnes n’ont pas nécessairement d’argent liquide, puisque tout peut se régler par carte de nos jours dans les pays occidentaux. Je pouvais dire que nos bagagistes n’étaient pas très contents et avaient le sentiment de s’être fait avoir, ne comprenant pas que nous n’ayons pas un seul petit euro à leur donner ou une seule petite coupure en Ariary (la monnaie malgache), eux qui se sont empressés de nous offrir leurs services.

Pourtant, n’est-ce pas l’inverse ? N’ont-ils pas imposé un service que nous n’avions pas demandé ? N’est-ce pas de la mauvaise foi que de réclamer un paiement pour un service non sollicité ? Cette situation s’est reproduite dès la sortie de l’aéroport alors que des jeunes gens se sont emparés de nos bagages pour les hisser sur le toit de la navette de notre hôtel. Nous sommes sortis de l’aéroport en jouant des coudes et des roues avec nos chariots chargés de valises, par une seule porte car il fallait remettre la déclaration de douanes à une seule employée enfermée dans une petite cabine, et toute une foule de représentants d’hôtels, et de particuliers obstruaient la sortie en criant tous les uns plus forts que les autres, qui pour trouver ses clients et qui pour attirer l’attention de ses parents ou amis. Après la fatigue du voyage et une arrivée pénible, nous n’avons pas pensé que les jeunes gens qui nous assaillaient, ne travaillaient pas avec le chauffeur mais qu’il s’agissait là encore d’entrepreneurs indépendants.

Il est certain que cela nous arrivera encore souvent, tant la misère de ce pays est grande, et les gens toujours avides de s’inventer de petits boulots à faire pour ceux qu’ils estiment plus riches qu’eux, afin de se procurer un peu d’argent. On ne peut pas leur en vouloir finalement d’essayer de vendre de façon un peu forcée chaque petit service potentiellement monnayable à ceux qu’ils considèrent comme des nantis par rapport à eux. Cette pratique se fait entre Malgaches, mais je pense que les étrangers sont plus particulièrement visés. Ils sont d’abord parfaitement identifiables, que ce soit par leur couleur de peau, leurs vêtements, leur attitude mais aussi parce qu’en tant qu’étrangers, ils sont catalogués comme des personnes riches par les Malgaches, et à mon avis, c’est un à priori que même les Malgaches aisés (et comme dans tout pays pauvre, il y a une partie de la population qui est très riche) ont envers ceux qu’ils appellent les Vazahas, c’est-à-dire les étrangers. Alors, je comprends mais cela m’agace sérieusement quand même, car je ne suis ni riche, ni une vache à lait.

Donc que la 2e réalité la plus frappante en arrivant à Madagascar, c’est la misère qui règne dans ce pays, et qui saute aux yeux dès la sortie de l’aéroport. Et je choisis le mot Misère, car parler de pauvreté ne serait pas encore assez fort.

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