Je m’appelle Pongo
Je m’appelle Pongo et je suis un chiot de six semaines environ. Ma maman m’a laissé couché dans le caniveau d’une rue de Hell-ville. Trop petit et fatigué, le ventre creux, je n’arrivais plus à suivre. Mais je ne lui en veux pas, la pauvre, ici les gens n’aiment pas les chiens et ne s’occupent pas de nous. Nous sommes à la rue, et bienheureux lorsque des gens nous acceptent près de leur maison et nous donnent leurs restes. On est fady paraît-il! Pourquoi? Les Sakalava ne doivent plus le savoir eux-mêmes. Une ancienne peur, peut-être qui leur vient du temps de la colonisation des Anglais et des Français. Ils ont oublié que nous, les chiens, nous sommes les compagnons de vie des humains depuis des millénaires, nous protégeons leur maison, leurs troupeaux, et nous ne savons plus vivre sans eux. Au fil de notre évolution, une partie de notre cerveau s’est d’ailleurs développée, uniquement pour notre relation avec les humains. Alors, ici, notre vie est bien misérable.
En tout cas, moi, j’ai de la chance. Quand l’humain femelle m’a vu respirer, elle m’a ramassé et elle a dit à son humain mâle : Il est vivant, on ne peut pas le laisser dans la rue, il va crever! Et voilà. Je n’ai pas tout compris, mais mon destin venait de changer du tout au tout. Leurs débuts ont été un peu chaotiques, en vérité. Ils m’ont emmené tout de suite chez le vétérinaire, qui n’était pas là et nous avons vu son assistant. Il leur a dit qu’il fallait me nourrir tous les jours (vraiment qualifié l’assistant!), et leur a donné du lait en poudre pour chiens, chèvres et zébus, pour tout animal à quatre pattes, quoi! Ainsi qu’une poudre antiparasitaire avec laquelle me baigner. Dès notre arrivée à la Plantation-camping Mijono où ils séjournaient, ils m’ont plongé dans une bassine remplie d’eau et ont essayé de me noyer. J’ai pleuré et crié mais ils ne m’ont pas lâché. Et comme si ce n’était pas suffisant, ils ont ensuite essayé de m’étouffer en m’enfonçant dans la gueule une énorme tétine de biberon humain qu’ils avaient acheté exprès pour moi pour me nourrir avec le lait en poudre. Rien à voir avec les tétines de ma maman! Enfin, je comprends, ce n’est pas évident de nourrir un chiot non sevré. Ils avaient pourtant l’air gentil, mais là, j’ai eu de gros doutes. J’ai des dents moi! Je peux manger tout seul! Et puis, pourquoi un bain? C’est pas grave quelques puces…
Finalement, ils m’ont quand même donner de la nourriture solide, et là-aussi, il y a eu des ratés, parfois je mangeais et d’autres fois, non. Mais j’avais faim en réalité! Ils ont quand même eu des bonnes idées, ils m’ont donné de la banane au petit-déjeuner, des sardines en boîtes, et même une boite de pâté pour chat car ils ne trouvaient rien pour moi au supermarché. Ah ça, c’est ce que je préfère. C’est une idée de mon humain et je l’aime celui-là, on est des carnivores tous les deux, et il me fait goûter pleins de choses. Mon humaine est très gentille aussi, elle prend soin de moi et me rassure quand j’ai peur, mais elle veut toujours me faire manger des légumes avec du riz. Moi, j’aime pas ça, les légumes! Je les recrache parfois mais je crois qu’elle les écrase dans ma nourriture pour que je sois obligé de les avaler avec le reste.
Au bout d’une semaine, l’humaine était inquiète pour moi car elle avait remarqué les croûtes et les trous dans ma fourrure. De plus, je ne mangeais pas régulièrement. Alors elle a décidé de retourner chez le docteur des animaux pour me faire examiner par la vraie vétérinaire cette fois. Il paraît que j’ai une dermatite sévère due au manque d’hygiène et à une alimentation déficiente. Et voilà que je dois prendre un bain tous les trois ou quatre jours! J’en suis à mon troisième et je ne m’habitue toujours pas. Je n’aime pas l’eau, surtout pas sur la tête. Je suis tout mouillé après, et je sens bizarre. Mon humaine dit que j’ai le poil tout doux et que je sens le petit chien propre, mais je suis certain que sa truffe ne fonctionne pas correctement! La vétérinaire a aussi donne des médicaments : des vitamines, et des antibiotiques à mélanger dans de l’eau. Elle a également dit que je devais prendre mon lait et qu’il fallait me forcer. Je ne l’aime pas, elle est vraiment méchante. Alors maintenant, tous les jours, ils se mettent à deux sur moi. Mon humaine m’entortille dans un torchon, elle met ses doigts dans ma gueule pour me forcer à l’ouvrir tandis que mon humain, lui, met une seringue sans aiguille dans ma bouche pour me faire boire mon lait et les antibiotiques. Je ne me laisse pas faire, c’est sûr! Je me débats et je serre les dents. Bon, je n’ose pas trop mordre mon humaine, mais je me demande s’ils m’aiment vraiment parfois. Le seul bon conseil que la vétérinaire ait donné, c’est de continuer à me donner les petites boites de pâté pour chat parce que c’est bon pour moi. Alors maintenant, c’est mon repas, quatre fois par jour! Mon humaine insiste toujours pour me donner du riz et des légumes, mais tant pis, mon assiette est trop bonne maintenant. Je suis trop heureux quand vient l’heure de manger, je sautille et couine de joie!
Mes humains m’emmènent partout avec eux. On part souvent en voiture pour de longues balades. Quand on se promène en ville, ils me mettent dans un petit panier, ce que je n’apprécie pas beaucoup car je ne vois pas ce qui se passe, mais au moins, je ne me fatigue pas les pattes, et je ne me fais pas bousculer par les autres humains qui ne sont pas gentils du tout. Ils m’ont emmené à la mer, et mis les pattes dans l’eau. Ils ont l’air d’aimer ça car nous y allons souvent. Moi, je préfère rester sur le sable à faire la sieste sous le parasol. De temps en temps, ils se mettent par terre et jouent avec moi, j’adore ça car je n’ai pas souvent l’occasion d’être avec d’autres chiens et cela me manque. Ils me font des câlins, ils prennent soin de moi. Je n’ai plus peur, je suis en sécurité avec eux. Je n’ai pas bien compris où était notre maison encore, mais tant que je reste avec mes humains, moi, je suis heureux. 🙂 Je crois qu’ils m’aiment et moi-aussi, j’aime ma nouvelle famille humaine.
Mes aventures se poursuivent ici alors abonnez-vous y !