On découvre Mahajanga avec notre guide local, Hardy
Comme nous voulions visiter la ville et apprendre sur ses particularités dans la perspective de peut-être nous établir à Mahajanga, nous avons loué les services d’un guide touristique auquel nous avons demandé de nous faire faire un tour pas touristique du tout justement, pendant une petite matinée. Nous avons eu la chance de tomber sur Hardy, un jeune homme très sympathique, qui connait bien sa ville d’adoption.
Nous partons donc à la découverte de Mahajanga soit à pieds, soit en voiture avec Hardy, qui nous parle de sa ville et nous fait passer par différents quartiers. Nous écartons l’option du petit tuk-tuk jaune à trois roues, ils sont légions a Mahajanga, et circulent partout, mais nous ne pourrions pas rentrer dedans tous ensemble. Je suis d’abord frappée par la propreté de la ville. Certes, ce n’est pas parfait, pas de poubelles visibles et quelques bennes un peu trop pleines, mais comparée à Tana, c’est vraiment propre, pas de déchet jonchant le sol à chaque pas, pas de tas d’immondices à chaque coin de rue, c’est une belle surprise. Nous passons dans Bazar Be, quartier d’affaires avec majoritairement des bureaux et des entrepôts détenus par les Indiens. Rien d’extraordinaire, je suis justement étonnée de la vétusté des bâtiments dont certains semblent abandonnés, et le mauvais état des routes, lesquelles ne sont par endroit que des chemins de terre. On y trouve quelques boutiques de vêtements , le marché des artisans, et trois supermarchés, ce détail à l’air anodin, et pourtant, ce n’est pas si évident, alors à Mahajanga, on a un certain choix, depuis une dizaine d’années et c’est appréciable. Il y a aussi plusieurs restaurants dans la ville, perdus comme par hasard entre deux rues défoncées et des bâtiments abandonnés. À ma surprise, pas de centre à proprement parlé, pas de bâtiment historique, pas de petites rues marchandes, enfin bref, il n’y a aucun intérêt ni plaisir à flâner dans la ville.
Par contre, la belle promenade du bord de mer, qui relie la route de la corniche au port et longe la mer, contraste par sa modernité et son excellent état. Son commencement est marqué par un grand baobab, et c’est là que la ville s’anime le soir, on y trouve en effet de nombreux stands fixes ou ambulants de vendeurs de nourriture, il y a même quelques manèges pour les petits. Les gens sortent se promener en familles ou entre amis afin de profiter de la fraicheur du bord de mer en soirée tout en dégustant les fameuses Maskita, de petites brochettes de viande de zébu, du manioc, des beignets de banane ou encore des katlesy – des galettes de pommes de terre, ail et herbes aromatiques. Si l’on veut manger une glace, il faut le faire vite car il fait si chaud qu’elle commence à fondre à peine placée sur le cornet, lequel mollit avant que vous n’ayez le temps d’en mordiller les bords! Pour se désaltérer, on trouve des vendeurs de coco qui l’ouvrent pour vous à la machette afin de boire directement de l’eau de la coco. Le vendeur attend que vous ayez fini de boire pour couper la noix en deux et vous permettre ainsi de manger la pulpe à l’intérieur que vous grattez avec une cuillère faite à partir d’un morceau de la coque, pour faire local. C’est délicieux, encore faut-il que cela soit frais!
La Corniche est donc une route qui longe la plage et descend du quartier de Mahavoky vers la promenade, et offre tout le long une superbe vue sur la plage. On peut voir la mer à perte de vue, avec toutes ses nuances de bleu et de vert, et les pirogues avec leurs voiles de couleur au loin. Alors qu’un fort orage éclatait un soir sur Mahajanga, nous avons eu la surprise de voir la mer rougie au loin, par la terre amenée par le fleuve Betsiboka qui se déverse dans le canal du Mozambique. Ce mélange de couleurs, entre ciel et mer, du bleu au vert émeraude en allant vers l’ocre et le brun, donnait une vue époustouflante et surréaliste. C’est sur cette route que sont installés les hôtels les plus luxueux de la ville. Le quartier de Mahavoky, dans son prolongement, est un quartier aisé en développement, donnant sur une très longue plage aménagée il y a cinq ans, la plage touristique, laquelle est assez vide en réalité, comme boudée par les locaux bien que la mer et le sable y soient tout aussi agréables qu’ailleurs. De grandes maisons bordent la large avenue en arrière de la plage, mais au-delà de cette première façade, on retrouve des maisons et des ruelles plus populaires, qualifiées de « chaudes » par Hardy.
De là, nous nous dirigeons vers un quartier clairement identifié comme mauvais, Tsaramandrosoa. La journée, les rues défoncées sont envahies de marchands de toute sorte : fruits, légumes, vêtements, quincailleries, tandis que le soir, il est préférable de ne pas y passer. Nous passons ensuite par Mangarivotra, puis Manga, ce qui signifie bleu mais aussi mangue, et dans le Boeny, nous sommes au pays des mangues, on y trouve donc beaucoup de manguiers. Enfin, nous terminons par Manjarisoa, le quartier est principalement habité par l’ethnie Imerina, dont on reconnait apparemment l’organisation, d’après notre guide et mon mari, moi…je ne vois aucune différence. Nous n’avons pas visité tous les quartiers de Mahajanga, mais l’idée était de nous donner un aperçu.
Au final, tous ces quartiers se ressemblent, les ethnies se mélangent, et les maisons cossues s’implantent au milieu des quartiers populaires. Rien ne les distingue particulièrement les uns des autres, partout on voit de superbes grandes maisons à étages entourées de hauts murs surmontés de barbelés ou de tessons de bouteilles afin de se protéger d’éventuels voleurs, quelques immeubles avec appartements et terrasses récents étonnement modernes. Et juste à côté, on trouve des maisons un peu délabrées, aux murs fissurés – ce ne sont pas toujours des murs en dur en fait, des tôles ou des palissades de bois font l’affaire pour les plus pauvres – une toiture de tuiles dans le meilleur cas, de tôles ou de feuilles de palmiers retenues par des sacs de sables. Nous restons souvent sur les grands axes routiers, même lorsque nous nous promenons à pieds, d’abord parce que c’est là qu’il y a des choses à voir ou des activités, et aussi parce que nous ne connaissons pas assez les quartiers pour nous aventurer dans des ruelles défoncées tellement étroites que l’on ne peut pas passer à deux. Il n’y a pas de raison de se balader dans ces ruelles, seuls les gens qui y habitent y circulent, et il est vrai que ce n’est pas engageant, mais cela reflète bien le cadre de vie des Malgaches, et j’aimerais bien m’y promener, pour voir.
Pour conclure, je dirais que notre impression globale de Mahajanga est très positive. Nous n’y avons eu que de très bonnes expériences, des gens gentils, curieux et un cadre agréable. Mahajanga n’est pas une ville touristique par excellence, malgré les plages et les nombreux hôtels, il y a un centre d’affaires, des activités commerciales autour de la pêche, des exportations et importations de denrées alimentaires, un vie marchande, des universités, des hôpitaux. C’est une ville vivante, laquelle, comme toutes les villes de Madagascar, pourrait connaître un développement formidable si les routes permettaient une circulation facile et sécuritaire.