Conduire à Antananarivo, un vrai défi !
En fait, pour l’instant, ce n’est pas moi qui conduis car je n’ai pas encore trouvé comment échanger mon permis de conduire et comme ces gens conduisent comme des fous, et que nous n’avons pas de voiture à nous, je préfère ne pas risquer de cabosser celle des beaux-parents ! Donc, je me repose entièrement sur mon chéri malgache, pour le moment 😉 Il y a des auto-écoles dans la ville, mais j’avoue ne pas encore avoir bien saisi à quoi elles servent parce que franchement, la seule règle de conduite que j’observe, c’est celle de se faufiler en évitant les autres, tous les autres : voitures, minibus appelés taxi-Be, scooters, pousse-pousse, charrette tirées par des bœufs ou des hommes, et piétons !
Cette ville est perpétuellement embouteillée, du lever au coucher du soleil, et c’est seulement à la nuit tombée que la circulation se calme. Antananarivo ne vit pas la nuit, les administrations, les écoles, les églises et les commerces sont fermés ; restent les restaurants et les lieux de sorties, et je n’ai pas l’impression qu’il y en ait beaucoup. Les gens n’aiment pas trop être dehors la nuit, par peur de l’insécurité. Encore que cela ne semble pas vraiment s’appliquer dans les quartiers populaires ; n’ayant pas fait beaucoup de sorties en soirée pour le moment, c’est difficile d’en juger. Donc, pour faire simple, pour circuler à Antananarivo, il faut prendre son courage à deux mains et oser se lancer au milieu de la circulation, sans toutefois provoquer d’accident, la vindicte populaire pouvant s’avérer dangereuse pour celui qui a la plus belle voiture et donc, par extension, très certainement le plus d’argent, peu importe le fautif. Peu de marquage au sol pour indiquer les voies de circulation, pas de signalisation – il n’y a absolument aucun panneau dans la ville, pas même de feux aux grands carrefours, rien de rien ! Aucun éclairage sur la voie publique non-plus. Il faut dire que l’accès à l’électricité ainsi que la régularité du service sont un enjeu majeur à Madagascar, alors gérer tout un réseau routier, éclairer une ville, ou encore les routes entre les villes, c’est impossible. Mais, il n’y a pas de problème, on fait comme avant l’ère de l’électricité, on place des policiers à chaque carrefour, lesquels s’époumonent sur leur sifflet et font en permanence de grands gestes pour gérer la circulation. Servent-ils vraiment à quelque chose, ou alors les gens sont habitués à conduire pare choc contre pare choc et sans autre règle de priorité que celle du plus audacieux et du plus gros ? En tout cas, ça fonctionne. Et au milieu de tout cela, la multitude des piétons essaient de ne pas se faire renverser, une véritable gageure considérant que les trottoirs sont assez rares ! Le plus souvent, ce sont des déblaiements de terre rouge inclinés vers la route, laissés sur place lors de la construction de la voie goudronnée j’imagine, et qui se sont tassés avec le temps sous le piétinement des gens, parfois il n’y a tout simplement rien du tout. Lorsque l’on sait qu’à Madagascar, les ¾ de la population n’ont pas de véhicule, c’est quand même incroyable !
On trouve de tout sur les routes : de beaux véhicules style SUV ou 4×4 tout neufs conduits par les gens riches ou par les chauffeurs/gardes du corps des gens riches jusqu’à la charrette tirée à bras d’hommes. Entre les deux, on peut voir quelques petites voitures de marque françaises passe-partout telles que des R5 ou des Peugeot 106 pour les gens plus modestes, dont certaines roulent on ne sait trop comment ; un nombre incalculable de taxis, lesquels sont presque tous des 4L beiges ; et des scooters autant privilégiés par les gens aisés qui veulent circuler rapidement dans les embouteillages que par les personnes plus modestes qui n’ont pas les moyens d’acheter une voiture – il est donc tout à fait courant de voir un ou deux enfants pris en sandwich entre leurs parents sur ces petits deux roues très fonctionnels. Enfin, pour les piétons – le malgache Landa – il y a les minibus appelés taxi-Be, faits pour transporter une 20aine de passagers à l’origine mais je parierais qu’une bonne 40aine s’y entassent aux heures de pointe ! Des dizaines et des dizaines de personnes parfois font la queue dans la rue pour prendre leur bus! Ils doivent passer des heures par jour à faire l’aller-retour entre leur domicile et leur lieu de travail ! J’ai remarqué que les bus sont gérés en binôme, le chauffeur et le portier à l’arrière… c’est ce dernier qui encaisse les titres de transport et surtout, il est chargé de gérer le flux des passagers et de garder la porte entre-ouverte pour que ces derniers puissent embarquer ou débarquer sans que le bus ne s’arrête vraiment. Bien sûr, le bus fait aussi de véritables arrêts, mais il reste que prendre les transports en commun doit être une expérience assez folklorique.
Cependant, nous ne l’avons encore jamais fait car il semble que mon chéri ne pourrait pas s’asseoir tellement sa taille est hors-norme pour un malgache, il n’est pourtant pas un géant, il mesure 1 m 80 ! J’imagine que ce serait assez inconfortable pour moi également qui mesure 1 m 67. Enfin, l’autre raison est qu’à part les gens qui sont nés et qui ont grandi dans cette ville, je ne vois vraiment pas comment les nouveaux arrivants ou les simples touristes pourraient faire pour circuler dans la ville en taxi-Be, il y a tellement de lignes dans la ville, très peu d’arrêts sont indiqués, les gens ont l’air de savoir où attendre, et aucun plan des transports…il paraît que les locaux s’en accommodent très bien donc pourquoi la ville ferait un effort ! Peut-être que nous essaierons dans une ville plus petite, mais ici, puisque nous avons la chance de disposer d’une voiture, pourquoi nous compliquer la vie !
Pour résumer, la circulation à Tana est celle de toutes les grandes villes regroupant des millions d’habitants, ça grouille de partout, ça klaxonne tout le temps et ça pue ! A la différence qu’ici, les gens ne me semblent pas énervés, pas d’agressivité particulière, on prend son mal en patience parce que c’est comme ça et qu’on n’y peut rien. Alors, nous, on n’est pas venu à Madagascar pour vivre ça, mais la contrepartie, c’est que là où il y a peu de circulation, où l’on entend le chant des oiseaux, le ressac des vagues et où l’on respire l’air pur, il n’y a carrément pas de routes, mais des chemins de terre… Ce sera donc un tout autre défi pour nous, avec lequel nous sommes encore moins familiers.
Eh oui, les embouteillages à Tana semblent refléter à la perfection le fameux MoraMora des malgaches, et ce fatalisme qui les aide souvent à rester calme en toute circonstance. Il ne faut pas oublier la pollution agravée par le mauvais état des voitures qui essaient tant bien que mal à arpenter les 12 magnifiques collines de la ville. On les appelle les 12 collines sacrées de l’Imerina. Mais la beauté et le sacre de ces collines suffiront-ils à compenser les défis décrits dans ce blog? En attendant, profitez bien de l’air pur et des chants d’oiseaux sur les côtes !
Nul doute que le défi est de taille, nous essaierons d’avancer un pas à la fois, MoraMora, mais efficacement! 😉